AGUIRRE

 

TISSAGE-PEINTURE de FLORENCE HUTTER

 

( collection particulière, Françoise Van Hove, été 2009)

 

Le tissage « AGUIRRE », est fait d'une de mes peintures sur toile représentant une femme exsangue allongée tel le Christ mort peint par Holbein L'Ancien. La toile a été découpée ensuite en bandes dans le sens de la largeur. Puis je les ai tissées, dans le sens du sujet représenté sur la peinture, une bande à l'endroit une bande à l'envers. Le tissage est monté sur une chaîne en fils à coudre de différentes couleurs tendus entre une racine, trouvée dans un talus sur une route entre deux villages corses, et une fine branche. Le hasard a recomposé une autre image, celle d'un « pirate » ainsi nommé par une visiteuse de l'exposition à Santa Catalina et que j'ai appelé AGUIRRE.Un premier voile vert est tissé au dessus de sa tête. Au fil du temps les bandes de son corps se sont tassées et j'ai rajouté un voile violet. Peut-être un pressentiment que la colère d'AGUIRRE ne fera pas arriver son radeau de fortune à bon port, telle la voile d'Ulysse si elle avait été noire pour Pénélope. Le corps de la femme peint a retrouvé une verticalité.

 

 

« AGUIRRE » Tissage Florence Hutter, été 2009, détail

(Collection particulière, Françoise Van-Hove)

 

Les baskets bleues de la femme représentée sur la peinture initiale,

par le hasard de la recomposition en tissage, forment les yeux d'AGUIRRE.

Son regard droit fixe le « regardeur », est-il pour autant vivant? Son regard gauche semble éteint, ou, noir de colère, je ne sais que dire. La question se pose sur la nature de la colère d'« AGUIRRE.

Je crois, pour ma part, que le véritable "AGUIRRE" est habité d'une colère terrifiante et qui le terrifie d'abord lui-même. Cette colère là est autre que toute colère banale et bénéfique à tout être vivant. Celle-là, qui le possède, est extrêmement dangereuse.

Cette colère là pourrait le détruire s'il ne s'aide pas de tous les moyens nécessaires pour l' « ex orbiter ».